Si l’usage de faire percer les oreilles des enfants est communément admis, il n’en demeure pas moins interrogeable. Aujourd’hui, avec la démocratisation du body piercing, la question se pose pour tous les piercings. Peut-on percer les enfants ou les mineurs ?
Comme pour le tatouage, la législation n’interdit strictement rien en matière de piercing sur les mineurs. Une simple attestation d’un des parents ou du tuteur ou de la tutrice légale suffit à ce que, légalement, un enfant de 6 ans rentre dans un salon de piercing et demande à se faire percer le septum.
Bien heureusement, la quasi totalité des professionnels en France instaurent un âge minimum pour les piercings mais sommes nous assez vigilants ?
Pour en revenir au piercing des lobes, il est fréquent de recevoir des demandes pour de très jeunes enfants, voire des bébés et carrément des nouveaux nés de quelques jours à peine.
Si la pratique est largement admise en occident, elle n’en reste pas moins dangereuse pour plusieurs raisons :
Le Consentement ?
A l’heure où le consentement est devenu, à juste titre, une question centrale dans beaucoup de rapports humains, le cas des enfants est hautement problématique. Quel.le professionnel.le peut se targuer d’arriver à recueillir le consentement éclairé d’un enfant de trois ans, quatre ans ou même dix ans ? Notre société considère les enfants comme des citoyens en devenir, qu’il s’agit d’amener vers l’autonomie tout en les protégeant. Pourquoi le sujet des modifications corporelles dérogerait-il à cette règle ? Car oui, un simple piercing au lobe est déjà une modification corporelle. Pourquoi en serait-il différemment pour un piercing à l’arcade par exemple ? Si nous acceptons de percer les oreilles de nos enfants c’est uniquement parce qu’il s’agit d’une norme sociale que l’on ne prend jamais le temps de remettre en question. Un piercing du lobe est en soi, un acte douloureux avec un risque d’infection et de blessure avéré. Pourquoi serions-nous prêts à faire courir ce risque à un.e enfant sans l’informer pleinement de tous les tenants et aboutissants et sans exiger qu’il ou elle nous présente un consentement éclairé ?
L’hygiène et la Sécurité
Un piercing est une effraction cutanée qui ne pourra jamais se refermer puisqu’on force le corps à cicatriser autour d’un bijou. La cicatrisation est donc rendue particulièrement longue et nécessite des soins quotidiens pendant plusieurs semaines. Un enfant ne sera clairement pas en mesure de comprendre ou d’appliquer un protocole de soin exigeant pendant des semaines, voire des mois. L’autodiscipline, la régularité et la patience sont les éléments clefs des soins et de la cicatrisation d’un piercing. Il est difficile d’imaginer un enfant de 10 ans ou même un adolescent de 14 ans s’investir suffisamment dans ce long protocole, sans jamais flancher. Sans oublier que chez l’enfant, le système immunitaire n’est pas encore pleinement formé et ses défenses présentent des failles plus importantes que chez l’adulte.
L’hygiène est sans doute l’élément le plus important de la cicatrisation d’un piercing. A cet effet, il est important de le nettoyer quotidiennement et d’en prendre soin. Il est aussi primordial de ne pas le toucher directement avec ses doigts, de ne pas jouer avec son piercing. Là encore c’est une autodiscipline quasiment impossible pour des enfants qui veulent naturellement toucher tout ce qui les entoure. Sur des enfants en bas âge, le problème peut même être particulièrement grave puisque le corps médical met souvent en garde contre les piercings d’oreilles sur les bébés ou très jeunes enfants. Il est en effet très fréquent qu’ils manipulent à outrance le bijou, déclenchant par la même occasion une infection et ils finissent par tirer sur ce bijou qui les irrite et leur fait mal, allant souvent jusqu’à des arrachages de bijoux. Ces accidents sont bien sûr assez traumatisants pour les enfants mais ils peuvent aussi laisser des traces durables et nécessitent le plus souvent des interventions chirurgicales. Les médecins américains par exemple publient régulièrement des communiqués pour dissuader les parents de faire percer les oreilles de leurs jeunes enfants.
L’esthétique
Comme pour le reste du corps, l’oreille du jeune enfant n’a évidemment pas du tout fini sa croissance. Placer un piercing sur une oreille encore en développement est donc particulièrement risqué pour un rendu harmonieux par la suite. Chaque jour nous voyons dans nos salons des client.e.s qui se sont fait percer les lobes tout.e.s petit.e.s et dont le trou est totalement au bord de l’oreille, mal centré et mal positionné. La seule solution dans ce cas est de refaire un piercing au bon endroit mais le premier trou laissera systématiquement une trace.
Pour toutes ces raisons, chez Karbone, nous avons fait le choix de ne pas percer les enfants ou les mineurs de moins de 15 ans et nous demandons systématiquement aux mineurs de venir avec un parent ou un tuteur légal ainsi que leurs pièces d’identité respectives. Si cet âge peut, bien entendu, paraître arbitraire, nous avons décidé qu’il s’agissait d’un âge où nous sommes sûrs de pouvoir obtenir un consentement éclairé et également de réussir à faire prendre conscience de l’importance des soins. Tous ces détails sont bien entendu expliqués dans notre FAQ
Voici les piercings que nous proposons de 15 à 17 ans : lobe / tragus / hélix / snug / anti-tragus / Conch / anti-hélix / Flat / Rook / Daith / Smiley
Les piercings que nous réalisons à partir de 17 ans : lobe / tragus / hélix / snug / anti-tragus / conch / daith / rook / Flat / anti-hélix / narine / nombril / langue
