LE TATOUAGE DES MINEUR.E.S

Au regard de la loi française (https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F22481) il suffit d’une autorisation écrite de l’un des deux parents ou du tuteur légal du mineur pour qu’il puisse se faire tatouer. Il n’est nulle part fait mention d’un âge minimum ce qui signifie que légalement il est possible de tatouer un enfant… Effrayant n’est-ce pas ? Notre point de vue sur le tatouage des mineurs.

une décision prise sous influence

Pourtant, chez Karbone, nous avons fait le choix de ne pas du tout tatouer les mineurs et ce, pour deux raisons principales :

  • Pour nous protéger contre toute intention malveillante. Il serait tout à fait possible de fournir de fausses cartes d’identité ou une fausse attestation afin de tromper la vigilance du tatoueur ou de la tatoueuse et les parents ou les tuteurs légaux pourraient ensuite porter plainte contre le studio et l’artiste ayant réalisé le tatouage.
  • Pour protéger le ou la mineur.e contre une décision prise sous influence (ami.e.s, réseaux sociaux, célébrités etc) qui amène à une modification corporelle permanente.

Il n’est jamais inutile de la rappeler, le tatouage est quasi permanent. Si les techniques de dé-tatouage ont effectivement progressé, les séances de laser restent très onéreuses, sont extrêmement douloureuses, ne sont pas efficaces avec certains pigments ou certains types de peaux et n’effacent jamais totalement le tatouage, il en reste toujours quelques traces. La meilleure façon de faire disparaître un tatouage que l’on regrette est souvent de le faire recouvrir par un autre tatouage, plus grand et plus imposant.

Si le tatouage s’est énormément démocratisé, il n’en reste pas moins une décision assez lourde de sens, qui peut parfois avoir des répercussions sur la vie sociale et professionnelle. Il existe encore de nombreuses professions où arborer un tatouage reste, dans le meilleur des cas, mal vu, dans le pire des cas, impensable. Nous ne parlons même pas ici des tatouages sur les parties les plus visibles du corps comme les mains, le cou ou le visage.

Les mineurs n’étant, dans la plupart des cas, pas encore insérés dans la vie professionnelle, nous préférons les protéger contre ce type de décision dont ils pourraient ne pas maîtriser tous les tenants et les aboutissants.

Se faire tatouer, c’est aussi faire des choix esthétiques dans la durée. Essayer de concevoir une œuvre qui nous parle aujourd’hui et qui nous parlera encore dans plusieurs décennies. Si ces choix sont déjà très difficiles à faire pour de nombreux adultes, ils le sont forcément d’autant plus pour des mineurs avec une expérience de vie plus courte. Nous avons tous fait l’expérience d’esthétiques ou de musiques que nous adorions avec passion à l’adolescence et qui nous semblent tellement éloignées de nos goûts d’hommes et de femmes adultes.

L’adolescence est généralement une période cruciale dans la construction identitaire et il n’est pas rare que certain.e.s adolescent.e.s utilisent cette période de la vie pour provoquer le monde adulte, tester ses limites, interroger ses valeurs, affirmer des choix et des valeurs indépendants, bref se construire une personnalité propre en dehors des carcans sociaux.

Si cette période de contestation des normes sociales et esthétiques du monde adulte est primordiale dans la construction de l’individu, elle n’en reste pas moins fragile et le recours à des esthétiques radicales se fait parfois de façon légère ou expérimentale. Des passions qui nous consument à l’adolescence disparaissent souvent aussi vite qu’elles sont apparues et ce qui nous semblait être fondateur de notre personnalité, de notre être, apparaît parfois comme un artefact culturel dans lequel nous ne nous reconnaissons plus.

Évidemment, toutes ces caractéristiques ne sont pas l’apanage des adolescent.e.s et certain.e.s adultes n’en sont pas exempt.e.s mais nous pensons que c’est notre droit et notre prérogative de protéger les mineur.e.s contre ces écueils, là où c’est bien plus difficile de le faire avec des adultes même si nous nous réservons toujours le droit de refuser certaines demandes de tatouage ou de motifs, en essayant le plus possible d’expliquer et de justifier nos décisions.

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