TATOUAGE & PIERCING “SAFE”

Depuis l’avènement des combats féministes et antiracistes “Me Too” et “Black Lives Matter“, on entend de plus en plus parler de “safe spaces” dans tous les domaines de la vie et le tatouage et le piercing n’échappent pas à cette vague. On explore avec vous ce qu’est selon nous un safe space pour le tatouage et le piercing.

Commençons par le début, que veut dire le mot “safe” et l’expression “safe space”. Le mot safe est le terme anglais pour dire sûr, au sens de sécurité. Un safe space est donc un espace où l’on se sent en sécurité. En sécurité oui, mais de quoi ? De par son origine dans les mouvements Me Too et Black Lives Matter, l’expression désignait donc un espace où l’on se sent en sécurité par rapport aux agressions sexistes et sexuelles des hommes et où le fait d’avoir la peau noire ne constituait pas un danger. Puis le terme s’est enrichi et désigne maintenant les espaces où l’on se sent en sécurité face à toutes les agressions ou violences liées aux discriminations telles que le racisme, l’homophobie, le sexisme etc. Les safe spaces sont donc des endroits qui se veulent bienveillants et où chacun.e peut venir avec ses différences et ses particularités sans risquer de se les voir reprocher, moquer ou pire.

Dans le tatouage et le piercing ça donne quoi ?

Les milieux du tatouage et du piercing, historiquement, ont charrié avec eux des valeurs souvent très masculinistes, sexistes et parfois même racistes. Il ne faut pas le nier, le tatouage et le piercing sont des arts et artisanats populaires, qui ont été portés, à leurs débuts, quasi exclusivement par des hommes, il y avait donc peu de chances qu’ils échappent à ces valeurs et à cette culture dominante.

Pourtant, depuis une grosse dizaine d’années, le monde du tatouage et du piercing change à très grande vitesse. Il se féminise énormément, il s’est très largement démocratisé, accueillant en son sein des artistes venant d’horizons très différents de ceux des origine. Cet univers est donc un reflet bien plus fidèle de notre société qu’il ne l’était quand il était cantonné à l’underground. 

Dans les faits, cela se traduit par un nombre grandissant de studios de tatouage et piercing qui se veulent safes et accueillants pour tous les publics.

Pourtant la mention “safe space” ne suffit pas à effacer d’un coup de baguette magique les discriminations ou comportements problématiques qu’il pourrait y avoir dans un salon de tatouage et piercing.

Les actes parlent plus fort que les mots

Plus que des mots ou qu’un slogan, faire de son studio un endroit safe doit être une attention de tous les instants et un mouvement ammorcé pour que toutes et tous se sentent bienvenu.e.s, bien accueilli.e.s et en confiance quand ils/elles viennt nous confier leur peau ou leur corps pour travailler dessus. Cela passe donc par un ensemble de comportements que nous devons sans cesse chercher à améliorer, étendre et perfectionner.

Voici, selon nous, une liste (non eshaustive) de comportements à surveiller pour savoir si l’on est réellement dans un espace bienveillant et inclusif :

  • On ne doit jamais vous demander d’enlever des vêtements si ce n’est pas strictement sur la zone à tatouer ou à proximité immédiate.
  • Si le tatouage nécessite d’enlever le soutien gorge, on doit vous proposer des caches tétons ou tout autre moyen pour vous permettre d’être plus à l’aise.
  • Certains salons proposent des boxes intimes et d’autres n’en ont pas la possibilité. Si vous vous faites tatouer une zone intime dans un open space, on doit vous proposer des moyens de couvrir la poitrine, les fesses ou autre afin de respecter votre intimité et votre pudeur.
  • Si l’artiste (tatouage ou piercing) est amené à toucher des parties intimes de votre anatomie pour la réalisation du tatouage (underboobs par exemple) ou du piercing (tétons ou génitaux) il/elle doit le verbaliser et s’assurer avec vous que cela ne vous dérange pas. Ses gestes doivent être professionels et se limiter à la zone tatouée ou piercée.
  • Si quelque chose vous semble étrange pendant la séance, vous devez avoir la liberté de le verbaliser, de poser des questions et de recevoir une réponse satisfaisante.
  • Lors de la séance photo à la fin, là encore on ne doit pas vous demander de vous dévêtir plus que nécessaire pour voir le tatouage ou le piercing. Là aussi tout doit être verbalisé. La séance photo n’a rien d’obligatoire et ne peut pas vous être imposée. Vous avez aussi le droit de voir les photos en amont avant de donner votre accord pour une publication. Tout doit être verbalisé et vous devez vous sentir libre de poser toutes les questions.
  • Un motif de tatouage, sa taille ou son emplacement ne peuvent pas vous être imposés, ils doivent avoir été discutés à l’avance, en toute bienveillance, entre l’artiste et le/la client.e. Si l’artiste vous fait des propositions différentes de votre idée de départ, il/elle doit les argumenter et prendre le temps de les expliciter. Il en va de même pour le piercing. Une discussion doit pouvoir s’ammorcer pour se mettre précisément d’accord sur l’emplacement.
  • Aucune remarque désobligeante sur votre physique ne doit vous être faite.
  • Avoir la peau noire ou métisse n’est jamais une explication pour se voir refuser un tatouage, même en couleur.
  • Aucune remarque désobligeante sur vos origines, vos croyances ou votre orientation sexuelle ne sont acceptables, même sous couvert de l’humour.
  • Vous n’avez pas à être confronté.e à des blagues racistes, homophobes, mysogines dans les espaces de travail même si elles ne vous sont pas directement adressées.

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