Les tatouages fineline sont une expression de notre temps. Avec l’explosion et la démocratisation du tatouage au début des années 2000, des nouveaux pans entiers de la société se sont emparés de ce moyen d’expression corporelle et notamment les femmes. Si le tatouage était resté jusque là, une activité très masculine, la tendance s’est nettement inversée aujourd’hui. On ne compte plus les tatoueuses en activité et encore moins les femmes qui ornent désormais leurs corps de tatouage. S’il n’existe pas de chiffres officiels, les professionnel.le.s observent toutes et tous une féminisation importante du milieu.
Avec cette féminisation, il n’est donc pas étonnant de voir arriver de nouvelles tendances et notamment une très remarquable, le tatouage dit fineline (lignes fines). Il serait très réducteur de limiter le style fine line à une simple expression féminine du tatouage mais la corrélation entre la féminisation du milieu et l’apparition de cette tendance lourde est malgré tout évidente. Ce n’est sans doute pas le seul facteur pouvant expliquer l’apparition du fineline mais il y participe indiscutablement.
Comment se définit le style fineline ?
Comme son nom l’indique, les artistes fineline privilégient les faisceaux d’aiguilles extrêmement fins comme la single needle, de la une, ou bien des faisceaux de trois. Cela donne des lignes et des tracés beaucoup plus fins que ce qui existait jusque-là dans le tatouage où les lignes se traitaient régulièrement avec des faisceaux de 9, de 11 voire plus gros encore.
Les lignes fineline sont ainsi beaucoup plus légères et aériennes mais offrent, en retour, un droit à l’erreur quasi nul pour l’artiste. Impossible ici d’épaissir légèrement un trait pour corriger un petit défaut. La finesse des traits est une fin en soi et donc non négociable.
L’art de l’épure
Les artistes de fineline poussent l’art de la ligne tellement loin qu’ils ou elles sont nombreu.x.ses en faire le point central de leurs tatouages, en délaissant volontairement une grande partie des ombrages pour laisser pleinement les lignes s’exprimer. Bien sûr, tou.s.tes les artistes fineline n’ont pas cette approche minimaliste mais cela constitue quand même une vraie tendance. On peut citer ici, des artistes emblématiques de ce style comme Melina Wendlandt, fondatrice du studio Vaders Dye, ou bien Club Garçon, au style minimaliste raffiné.
Légèreté des textures
D’autres artistes, au contraire, poussent la finesse des lignes à son paroxysme pour les rendre quasiment évanescentes et se concentrer sur des textures poussées, elles aussi, au maximum de la finesse. Ces artistes jouent sur des textures extrêmement douces et n’hésitent pas à utiliser les vides comme éléments de contraste. Dans ces expert.e.s de la finesse on compte Tritoan, l’un des pionniers de ce style, Kalawa, l’artiste français aux compositions florales si légères ou encore Asya, aux lignes florales délicates.
Du fineline en couleur ?
Comme pour les autres styles de tatouages, le fineline peut se décliner aussi bien en couleur qu’en noir et gris. Dans les experts du fineline en couleur on ne peut pas passer à côté de l’artiste Adélaïde dont les compositions à la fois minimalistes et naïves sont si reconnaissables et on ne peut pas ignorer le travail d’Eva Edelstein dont les fleurs délicates en couleur sont devenues une signature reconnue internationalement.
Installé sur la scène du tatouage depuis quasiment 10 ans, le style fineline ne semble pas être un simple phénomène de mode mais au contraire, possède toutes les caractéristiques d’une nouvelle école qui s’est implantée et est là pour durer, aux côtés d’autres styles établis depuis des décennies comme le old-school ou le réalisme. L’apparition et l’essor du fineline démontre une fois de plus que les barrières du tatouage sont définitivement tombées. Les publics amateurs de tatouages se diversifient sans cesse pour faire progresser cet art ancestral et l’enrichir de nouveaux styles qui repoussent toujours les frontières graphiques.