Si vous vous intéressez au monde du tatouage, vous avez sans doute déjà entendu cette expression de freehand.
Le principe est assez simple puisqu’il s’agit pour le tatoueur ou la tatoueuse, de dessiner à l’aide de feutres spéciaux, directement sur la peau afin de poser son modèle avant de le tatouer.
Par définition, le freehand s’oppose au tatouage avec un stencil ou papier calque. Le dessin final n’est pas préparé à l’avance puisqu’il est créé à même la peau, même si dans la réalité, de nombreux artistes préparent quand même des études et des croquis préparatoires avant la date du RDV afin de ne pas perdre trop de temps le jour J.
Le dessin qui est créé sur la peau avant de tatouer est généralement assez sommaire et comporte peu de détails. Il définit les grandes lignes, les contours, les dynamiques, les volumes. Il peut donc être assez inquiétant pour le client ou la cliente de ne voir qu’une ébauche sommaire du rendu final avant de commencer à se faire tatouer. Laisser un.e artiste travailler en freehand demande une bonne confiance dans son travail et son expérience ainsi qu’une excellente communication entre l’artiste et le/la client.e. Si un.e artiste vous propose de travailler en freehand, vérifiez donc qu’il ou elle maîtrise suffisamment la technique avant de vous lancer.
Malgré ce côté peu rassurant, le freehand présente pourtant des avantages conséquents sur le travail à partir d’un calque. Puisque le dessin et la structure sont créés directement sur la peau, cette technique permet à l’artiste de s’adapter au mieux à la morphologie du ou de la client.e. La moindre courbe, irrégularité, bosse ou saillance peut être utilisée pour construire le dessin et faire en sorte que sa dynamique soit en harmonie parfaite celle du corps. Une pièce en freehand bouge souvent mieux avec les mouvements du corps qu’une pièce posée avec un calque. La liberté que laisse le freehand de jouer avec les volumes et les courbes du corps ne peut pas être reproduite telle quelle avec un calque ou un stencil.
Certain.e.s artistes n’hésitent d’ailleurs pas à combiner le meilleur de ces deux techniques, en posant une partie du dessin avec des calques et en le combinant avec des petites ou grosses parties en freehand. Ce mélange des techniques permet au client ou à la cliente de se rendre compte des détails du rendu final tout en laissant libre l’artiste pour adapter au mieux son mouvement à la morphologie.
Bien évidemment, tous les styles ne s’adaptent pas avec autant d’aisance au freehand et certaines spécialités comme le tatouage réaliste sont carrément incompatibles avec cette technique. Pour autant, il existe des exemples déroutants de freehand comme avec le style ornemental par exemple. On pourrait penser que l’ornemental demande une rigueur absolue et qu’il serait donc impossible de se passer du calque et pourtant certain.e.s artistes arrivent à créer de grandes pièces ornementales entièrement en freehand. La symétrie n’y est peut-être pas aussi parfaite au millimètre qu’avec un calque mais lorsque ces pièces sont réussies, le résultat est bluffant et d’un dynamisme saisissant.
Au studio Karbone, deux artistes, essentiellement, utilisent souvent cette technique. Il s’agit de Louve qui utilise souvent le freehand dans ses grandes compositions végétales et florales, souvent agrémentées de pièces posées au stencil et d’Alexandre d’Alessio dont l’expérience d’artiste plasticien lui permet de créer des pièces illustratives et dynamiques à même la peau. Nous recevons aussi régulièrement des artistes qui utilisent parfaitement cette technique comme Eva Edelstein, Erica Tierno, Anastasia Gellfer ou Virginia Garrido Milan.